Sénégal : Le temps du désenchantement démocratique
Je vous mets en partage une tribune rédigée par :
Abd-El
Kader BOYE (Professeur titulaire de droit
privé, Ancien Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop,
Ancien Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de
l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar)
Mamadou DIOUF (Professeur d’histoire et
d’études africaines, titulaire de la chaire Leiner family, Université Columbia
/ États-Unis)
Felwine
SARR (Professeur titulaire, agrégé
d’économie, titulaire de la chaire Anne-Marie Bryan, Université Duke /
Etats-Unis)
François Joseph CABRAL (Professeur titulaire, agrégé
d’économie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar)
Abdoul
Aziz DIOUF (Professeur titulaire, agrégé
des facultés de droit, Université Cheikh Anta Diop de Dakar)
Sidy Alpha NDIAYE (Maître de conférences, agrégé
des facultés de droit, Université Cheikh Anta Diop de Dakar) | @alpha_sidy
El Hadji Samba NDIAYE (Maître de conférences, agrégé
des facultés de droit, Université Cheikh Anta Diop de Dakar)
Babacar
NIANG (Maître de conférences, agrégé
des facultés de droit, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, avocat au barreau
de Paris).
Lu avec beaucoup d'attention et surtout, malgré la ténacité et l'urgence des enjeux, beaucoup de plaisir.
C'est écrit dans un français savoureux et suave. Ce qui marque également c'est la lucidité incisive basée sur des faits plausibles de la situation qui étouffe actuellement l'espace politique sénégalais.
Je ne ferai donc pas de résumé à proprement dit mais juste un relevé de quelques extraits que je me permettrai de recomposer avec des titres qui expriment mon sentiment personnel durant cette lecture.
À vous la balle et libre à chacun d'en tirer l'intérêt et le niveau de conscience et de réaction qui s'y est.
En espérant qu'après cette étape nécessaire, une grande conférence ou un
colloque sera mis.e en place, dans les plus brefs délais, pour donner plus de
visibilité et plus d'écho aux mouvements de résistance citoyennes en place face aux dérives notoires, récurrentes, continues du régime de @Macky
Sall.
Les mots saillants dessinent une perspective :
Conficius aurait dit qu’« une image vaut mille mots ». Une expression qui dans le fil de l’eau a connue plusieurs déclinaisons dont « un plan vaut mieux qu’une grande leçon ».
Ce qu’on oublie de dire c’est que tout bon texte est la description littérale d’un plan.
La politique c'est les mots.
Bourdieu disait "le présent c'est les mots qui sont assez présent pour etre enjeu de lutte"
J'y souscrits !
Cela dit : Bonne lecture !
#1 | D'un plébiscite constitutionnel à la d'échéance / disgrâce populaire
« Le bilan démocratique du régime du Pr Macky SALL pendant ses deux mandats se résume à l’étouffement des voix politiques et citoyennes discordantes par la répression, l’emprisonnement, la disgrâce, la radiation et la sélection des candidats à l’élection présidentielle (Khalifa SALL, Karim WADE, Ousmane SONKO). »
« Une démocratie véritable se mesure à l’aune de la réalisation effective des droits fondamentaux consacrés par la Loi fondamentale. La négation du pacte républicain et du serment national tacite pour faire société constitue la dernière manifestation d’un récit néocolonial qui remonte aux indépendances.»
#2 | La judiciarisation l’espace politico-médiatique est un "populisme d'État"
« Entretenir un amalgame entre le droit constitutionnel à la résistance à l’oppression et l’appel à l’insurrection revient à judiciariser l’espace politique à des fins d’exclusion. La mobilisation opportuniste d’une sémantique martiale permit à des dictatures d’auto-légitimer des coups d’État institutionnels (Chine, Russie, Corée du Nord …). Le spectre de la peur, brandi par l’État-policier sous la couverture d’un discours régalien, renseigne sur le dessein d’imposer la terreur avec l’onction d’une certaine presse qui a lâchement déchiré sa profession de vérité. »
…trois pays cités ont meilleurs dos… soit !
#3 | La "Dissolution" du
Parti Pastef
« La dissolution du parti PASTEF, entité constitutionnellement protégée, est révélatrice des dérives autoritaristes d’un régime qui vise, avec le concours d’une certaine magistrature complice, à reconstruire un espace politique monolithique. [...] est une "négation des principaux instruments internationaux, au demeurant constitutionnalisés, de protection des droits humains. »
#4 | Sans la liberté (en référence au tract de F. Sureau / Gallimard)
« L’épure du droit n’est point de dissoudre pour motif d’insurrection lorsque le crime susmentionné est l’objet d’une instruction judiciaire. »
La démocratie à la sénégalaise est
un entremêlement entre "volonté populaire" (politique moderne
& civisme sociale) et "compatibilité ou socio-culturelle"
(tradition & religions)
« Plus que jamais, les réminiscences du parti unique ou dominant affleurent notre temporalité politique quand bien même la relation Etat-individu bascule inexorablement vers le triomphe de la volonté populaire. La démocratie, c’est le temps des Peuples libres. »
« Dans les imaginaires, la quête d’un sens démocratique, volontairement confondue avec la lente fabrique d’un État institutionnel, a fini par faire croire que la démocratie pouvait éclore par décret, loin des conquêtes sociales. Or, le Grand Soir démocratique, comme dans toutes les civilisations humaines dans lesquelles le Peuple a voix au chapitre, procède d’un plébiscite populaire quotidien. Le temps de la démocratie, comme du reste celui de la nation, défie toute idée de finitude. Il se régénère au gré des crises protéiformes ou, à rebours, périclite. Au Sénégal, la démocratie n’est pas le produit d’acquis populaires. La démocratie ne se définit pas seulement par l’existence d’institutions (parlement, exécutif, appareil judiciaire) et par l’organisation d’élections régulières. La démocratie ne saurait être discursive. La sociologie lui imprime sa réalité. »
Lire la tribune ici (n’hésitez pas à me partager vos avis !) :
aussi sur : Senego / Senegal7
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Cet espace est le notre : discutons !