Arrestation de Bassirou Djomaye Faye. Entre fragilité républicaine et susceptibilité infantile, la plus haute expression d'un régime en déshérence ?
15-03-2023 | mis à jour le 17-03-2023
« Citoyen, tant que nous le restons, nous devons accepter de prendre sur nous une large part des fautes de ceux que nous nous sommes donnés pour nous diriger. Il n’y pas de ministre de l’intérieur.Il dépend à la fin de nous que ceux qui nous gouvernent et répriment puissent, ou non, aller jusqu'au bout de cette inclinaison à l’autoritarisme qui est le lot de tout pouvoir, raison pour laquelle nos constituants ont voulu précisément que les pouvoirs fussent séparés. »
F.S « Sans la liberté » | Tracts Gallimard n°8 / 2019 | p.10
Massa way bur dali ! *
Du wolof = je suis navré, pardon, je compatis… sa majesté mon roi
Avant tout je souhaiterais mettre en évidence deux faits :
· 1 / Je connais Bassirou Djomaye Faye ; c’est même un ami d’enfance et plus encore… Ce faisant je ne suis membre d’aucun parti encore moins du parti Pastef les patriotes. J’ai pu faire des postes qui peuvent faire allusion à un soutien politique ; c’est le cas mais je ne soutien aucun parti. Mon parti est la démocratie. Le droit de tout citoyen Sénégalais de vivre pleinement sa citoyenneté et sa liberté sans laquelle nous sommes plus vivants.
Si cela doit passer par une marche, une indignation, une désobéissance ; jusqu’à la résistance physique ; dans le seul but de la défense de la seule chose que nous avons en commun et dont on ne peut et on ne doit en aucun cas se partager : la nation, alors mon soutien sera toujours des plus ardents.
· 2 / En second, je voudrais envoyer toute ma compassion au Président. Le pauvre !
Il
faut dire que Sonko et les membres du Pastef l’ont fragilisé ;
« Je vous ai compris ! » ; sniff !
Maintenant il s’offusque de tout ! Avec lui ses « machins de garde ».
Vous imaginez ce président « enfariné », recevoir « un Å“uf pourri », « une tomate » ou même « une baffe ». Je pense que l’auteur prendrait directement « perpète » !
C’est ça la démocratie et la nouvelle hauteur républicaine : au raz des pâquerettes !
Les gars - y a qu’à voir le nombre de ministre femme par rapport aux mecs ! - sollicitent des chiffrages aux nom de la démocratie et du sacrosaint de la volonté populaire ; puis une fois dans leur palais ; en costume et cravate… ils oublient.
Ils renoncent totalement à tous les fondements de leur « élection ». Ils se croient forts – à tort bien sûr - viriles et invincibles mais en réalité ils deviennent fragiles ! (Pas #antifragile ! #Nassimnicholastaleb / #Cygnenoir)
Ils sont fragiles et ne savent totalement pas comment réagir face aux contre-pouvoirs, au désordre, à la crise, au chaos…
C’est problématique car imaginez que notre pays soit attaqué : qui est le chef suprême des armées ?
Ils sont fragiles, susceptibles et sont dans l’inaptitude à garantir la liberté ;
La justice ;
Les droits des personnes ;
…
Leur « petit corps » de nantis est sacré ;
Leur « petite personne » et tous les prestiges que leur garantie en retour, pour les missions que leur assigne la population, sont au-dessus du peuple lui-même…
Oui : on marche sur la tête !
Ils passent leur temps à s’écouter parler et à se raconter les histoires d’une société imaginaire ;
Ils se gonflent de leur vision aiguë ; mince… bornée… néfaste !
Leur prétention de « pouvoir » est au-dessus de leur mandat citoyen ;
Ils ne savent pas regarder en arrière : avant eux y’avait rien et après n’existe pas : ça s’appelle du révisionnisme ; cousin intime du complot et parent de sang frais du totalitarisme.
Pour ça, je compatis très chaleureusement sur votre faiblesse avouée et j’accorde toute ma tristesse aux pauvres êtres sensibles, susceptibles… groggy que vous êtes !
La froideur de la détermination à équidistance de l’ardeur de la résistance citoyenne
Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère accomplir. Mais si nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir.
Nelson Mandela, pendant le Procès de Rivonia, 1964
Photo : Nelson Mandela sortant de la prison Victor Verster avec sa femme Winnie Mandela le 11 février 1990. Il avait été emprisonné par le régime de l’apartheid pendant 27 ans. | Photo : Graeme Williams | Source : Musée canadien pour les droits de la personne, dans le cadre d’une exposition L’exposition Mandela : Lutte pour la liberté > https://droitsdelapersonne.ca/exposition/mandela-lutte-pour-la-liberte
Je me suis levé ce matin ; 5H30 ; j’allais regarder la météo et mon itinéraire pour aller faire un tour de vélo. Comme tous les matins quand je décoche le « mode avion » ; me tombent des cordes de notifications dont ceci : « Arrestation de Bassirou Diomaye Faye devant les locaux de la DGID » : https://youtu.be/zDIg7Rh7hzcJe suis quand même allé faire mon tour de 35 km et me ressourcer devant belle-mère Atlantique. La foi en Dieu et la détermination dans tous ses combats que je connais de Bassirou Djomaye Faye m’imposait cette attitude.
Il faut néanmoins rappeler aux sénégalais – ce qu’ils savent déjà – que nous avons tous le droit et le devoir de surveiller nos représentants politiques – « élus » c’est quand même trop dire ; comme élection ou responsables... préférez : déléguer ou représentant - ainsi que de s’indigner ; de s’énerver et de le dire publiquement.
Un ministre a dit sur le plateau de Seneweb : « nous avons la chance d’avoir un président modéré ! »
Ah oui ?
Rien que ça ! Faut-il en rire ?
Je pense que oui. C’est bien la simple preuve qu’il
n’est pas « sado » ce monsieur ; Rappelons quand même que A.
Lincoln qui disait « Lorsque l'homme s'habitue à voir les autres porter les
chaînes de l'esclavage, c'est qu'il accepte lui-même un jour de les porter. »
Il est vrai que c’est énervant et éreintant. Mais parfois c’est justement le moment où il faut garder son calme. A vraie dire ils ont perdu toute forme de raison et de calme ; ils sont en pleine dérive ; il ne faut se laisser emporter. Ce qui diffère de se défausser.
Il faut replacer la situation dans une perspective plus globale. Il faut analyser. C'est pour moi le seul moyen pour de déconstruire. Comme aimait répéter un grand sociologue : il faut élaborer. Les faits sociaux sont très têtus.
Une seule faveur : ce que j’ai fait ou vécu n’a peut-être aucune importance ; s’il y a quelque chose à retenir c’est ce que j’en dis mis dans une perspective plus large, comme indiqué en début de texte, sur situation actuelle du pays.
#1
Je vais commencer par vous raconter une histoire que je n’ai jamais raconter à personne. Personne. Un soir, alors que je rentrais chez mes parents, j’avais 12-13 ans, je marchais sur le bord de la route. C’était un mardi jour de marché hebdomadaire de la commune. Ne sachant jamais jusqu’à aujourd’hui pourquoi, j’ai reçu un coup de cravache. Je l’ai reçu en plein dans tout mon corps et mon âme.
J’ai cru que mon corps se coupait en deux.
Je me suis roulé par terre de douleur. Je n’ai même pas pu en pleurer ; beaucoup trop occuper à tenter de reconnaitre la charrette, le mec, le cheval… tout… et au final rien. C’était fait. Gratuitement ! Je ne valais pas plus ni moins que son animal ; ça c’était mon sentiment.
Un animal. La cravache pour cheval, dans le temps, était faite d’une tige avec au bout une corde en nylon enduite de goudron. Même pour un animal c’est trop.
J’avais caché ma douleur ;
Et j’avais caché mes blessures ;
Pour celles du corps le temps et mon être en ont fait une cicatrice.
Mon âme quant à lui saigne encore…
Il enferme dans mon souvenir le caillot d’amertume et la méfiance sur l’errance de l’homme en posture de puissance… de lâcheté… d’impunité ;
Il m’enjoint au silence du brouhaha ambiant mais m’exhorte à m’ériger contre toute forme d’injustice.
Je n’ai aucune honte car je n’ai jamais vu le visage du quidam en clos de son pas laid et à morale basse, certainement, et de plaisir… de jouissance… et de réjouissance… de faim… à dessein./.
#2
En 2009, nous avons été invités à un concert à Mbour ma femme et moi. Puisqu’on était en avance, après une courte balade dans le quartier, on s’est installé dans le coin de rue en face du centre où devait se dérouler la fête. Il y’avait qu’un pneu de camion enterré à moitié pour nous servir d’assise. Une place. Alors je me suis assis et madame s’est assise sur une de mes cuisses. Jusqu’ici rien de grave.
D’un coup, d’un seul une voiture freine devant nous et en sortent 3 types ; position en triangle et lampes torches braquées sur nos visages : « vos papiers s’il vous plais ! ». On leur remet le passeport de madame et ma carte d’identité… « vous allez nous suivre à la police ! »
Nous étions maintenant débout sentant la tension monter et surtout la fermeté de leur propos. Alors je me mets devant et demande à madame de se tenir derrière moi avant de leur répondre « mais qui êtes-vous messieurs ? » ; « On vous dit de monter dans la voiture !!! » ; tout en nous tournant autour, les lampes toujours braquées dans mes yeux. « Messieurs, on ne sait pas qui vous êtes et nous ignorons totalement ce que vous nous reprochez et pourquoi on devrait vous suivre ?! »
« Nous somme de la police ! et assez, montez dans la voiture ou bien on va devoir user la force ! ». Tout en leur opposant une posture et un calme intimidant – il faut le dire ; le sentiment de vérité rend fort quand le mensonge tire dans l’autre sens… l’hésitation et le doute ; il faut juste trouver le dosage proportionnellement au rapport de forces ; ce n’est pas qu’une question physique c’est aussi psychologique - à cela ma réponse fut non pas d’envenimer la situation car milles et une choses commençaient à me tourner dans la tête et mon sort n’importe que peu dans le film que je me faisais ; mais ma femme dans tout ça !!! « Qu’est-ce qui nous dit que vous êtes de la police ? » ; à cela ils me répondent « on n’est pas censé vous montrer quoi que ce soit !» ; je répondis que ça va être compliqué car dans ces conditions on ne peut pas vous suivre sauf si des témoins ici peuvent nous confirmer votre appartenance à la police…
Alors ils nous brandirent en une fraction de seconde des papiers tout en gardant la lumière dans mes yeux…
Je détends l’atmosphère par un acquiescement « je suis désolé mais je n’ai rien déchiffré sur votre papier… » puis après qu’ils aient insisté sur le fait qu’ils n’avaient aucune obligation de nous présenter leur papier, on finit par leur dire « ok ; nous allons vous suivre. Mais certainement pas embarqués. Jamais nous ne monterons dans votre véhicule ». Quelques coups de fils et avions finit par obtenir un rendez-vous le lendemain pour payer une amande.
Voilà : une amande !
Nous voilà donc, alors qu’on était assis tranquillement à attendre de nous rendre à une fête, à devoir gérer la folie de trois types… Pour faire court : c’était sans compter sur le fait que nous avions profité de ce voyage pour rendre visite à une sÅ“ur dont le mari était un des plus illustres commissaires de police du pays. Nous allions aussi rentrer chez lui pour passer la nuit.
Malgré son intervention c’était, on le connaît tous cette chanson : notre parole contre la leur. Ils étaient trois. Trois hommes majeurs, armés et de surcroit investis d’une mission de service de sécurité public.
Pourquoi je raconte cette histoire ? C’est plutôt simple. Combien de personnes ont ce « privilège », anormale, mais qui dans une situation pareil vécue par un nombre incalculable de citoyens, est salutaire.
C’est-à -dire : pourquoi autant de zèle d’hommes embottés ? Autant d’injustice et de laisser aller ?
Une position - je n’aime pas non plus « système » - faite d’hommes et de femmes qui cassant et broyant des os… de frères, de sÅ“urs… « d’innocents » … d’humains.
#3
A cela j’ajouterais 2 deux autres faits obtus :
Sommes-nous en présence d’un président qui déroule sa méchanceté sur les gens pour se démontrer à lui-même son propre pouvoir ? Il me semble que oui !
Ou bien a-t-il nommé ceux qu’il faut aux postes qu’il faut pour un matage impuni de citoyen ? Les deux mon commandant !
Dans les deux cas les responsabilités son biens situées.
J’attends beaucoup de journalistes et dandies de plateaux répéter à longueur d’ondes et de vidéos à quel point « un président peut être isolé des réalités de la vie de ses concitoyens ». Isolé et reclus dans son palais et à la merci de l’exubérance de ses ministres et au grotesque de ses « bouffons » et de ses « fous » … à lier. »
On le sait tous que c’est faux.
C’est totalement faux et c’est du populisme d’état.
Là où subsiste « l’effet de théorie », comme dirait un certain Bourdieu, selon quoi une révolution ratée produit l’équivalent d’une génération de conservation ; 20-25 ans, j’estime que nous observons un « effet média ». Elle consiste à la dynamique de répétition due d’une part à la paresse médiatique ; l’incapacité – ou le manque de soucis – à mener des enquêtes ou des recherches adéquates mais aussi à mener une interrogation pertinente lors des émissions. C’est la course à la « une » qui n’est plus l’intérêt porté au scoop et l’article bien ficelé mais à la diffusion immédiate de théories, de slogans, des effets de langage et des mots d’ordre.
Ce qui compte c’est « d’exciter les algorithmes » !
Donc c’est faux et il faut le crier partout : il n’existe pas de président isolé. Il n’est pas non plus triste de son sort. Sans quoi nous ne sentirions ne lirons aucune manigance vers un mandat en plus. Surtout si cette entreprise est vouée à l’échec au nom de la souveraineté de la majorité sénégalais.
Jook maak Jomaay
En définif : « jok lam watahina mbaam » Basse. Si Macky Sall a fait la case de l’homme – ce qui n’a d’ailleurs rien d’une case ; car ndut=nid – il doit savoir que la prison c’est de la gnognote pour toi. Et peut-être que l’histoire aurait retenue de toi le seul résistant à n’avoir pas effectué ce second séjour initiatique : la prison ! Alors comment ne pas te féliciter !
Mais cette raison n’est pas suffisante car tu n’es pas un voleur encore moins un délinquant. On en est là au Sénégal. Comme pour les caïds d’antan.
C’est le signe d’une décadence morale et le début incontestable de l’individualisme. Que nous ne sommes plus capable de mener une démocratie par la discussion et les idées. L’exode de l’idéale politique.
« Personne d’autre que le citoyen libre n’a qualité pour juger de l’emploi qu’il fait de sa liberté, sauf à voir celle-ci disparaître. Ainsi la loi ne peut-elle permettre à l’État de restreindre abusivement la liberté d’aller et venir, de manifester, de faire connaître une opinion, de s’informer, de penser pour finir. »
F.S « Sans la liberté » | Tracts Gallimard n°8 / 2019 | p.31
Défendons notre amour de la liberté et exigeons la libération de Bass
#BassirouDjomayeFaye #Sonko #MackySall #Sénégal #Liberté